Paul Cézanne - Lettres à Emile Bernard

Paul Cézanne - Lettres à Emile Bernard

Aix en Provence, 15 Avril 1904 r.

Cher Monsieur Bernard,

quand recevrez-vous cette lettre, vous en aurez probablement un autre, envoyé de Belgique et adressé à Boulegon Street. Je suis très content de votre affectueuse bienveillance pour mon art, qui est exprimé dans votre lettre.

Permettez-moi de le répéter, dont je vous ai déjà parlé ici: nature doit être présentée dans un cylindre, il y a, cône; le tout mis en perspective, de sorte que chaque côté du sujet ou du plan soit dirigé vers le point focal. Les lignes parallèles à l'horizon définissent l'étendue ou l'étendue de la nature ou, si le Seigneur le veut, spectacles, qui Père Dieu, le Tout-Puissant Éternel se déroule sous nos yeux. Les lignes perpendiculaires à l'horizon définissent la profondeur. Eh bien, pour nous, les humains, la nature est plus profonde qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire une quantité appropriée de bleu dans nos vibrations lumineuses représentées par les rouges et les jaunes, pour que tu puisses sentir l'air.

J'aimerais te dire, que je regardais encore ton étude prise dans l'atelier du rez-de-chaussée. C'est bien, Je suppose, qu'il faut continuer dans cette voie, tu es au courant de ça, Que faire, et bientôt tu pourras tourner le dos aux Gauguin et aux Van Gogh.

Voudriez-vous remercier Mme Bernard de se souvenir du soussigné, bisous pour les enfants du Père Goriot et mes meilleures salutations à toute ta famille.

 

Aix, 12 loger 1904 r.

Cher Bernard,

laisse mon continu, travail persistant et vieillesse pour expliquer le délai de réponse.

D'ailleurs, dans votre dernière lettre, vous traitez d'une telle variété de questions, et en même temps tous liés à l'art, que je ne peux pas suivre entièrement vos pensées.

je te l'ai déjà dit, que le talent de Redon me va très bien, Je suis d'accord avec lui pour ressentir et admirer Delacroix. je ne sais pas, ma mauvaise santé me permettra-t-elle jamais de peindre son apothéose, dont je rêve depuis longtemps.

je travaille très lentement, car la nature se présente à moi dans toute sa complexité, et il faut continuer à avancer. Il faut bien voir son modèle et le sentir très précisément; enfin, il faut parler clairement et avec force.

Le goût est le juge ultime. Cela arrive rarement. L'art n'attire qu'un nombre extrêmement limité de personnes.

L'artiste devrait mépriser la cour, qui ne repose pas sur l'observation rationnelle des phénomènes. Il devrait se préoccuper de l'humeur littéraire, qui fait si souvent, que le peintre s'écarte de sa vraie voie - l'étude concrète de la nature, se perdre trop longtemps dans de vagues spéculations.

Le Louvre est un bon livre, tu dois regarder dedans; cependant, cela ne devrait être qu'une aide. Le vrai et merveilleux sujet d'étude est la diversité de l'image de la nature. […]

 

Aix, 26 loger 1904 r.

Cher Bernard,

Je partage généralement des pensées, que vous comptez développer dans un article préparé pour Occident”. Mais je reviens toujours à ça, que le peintre doit se consacrer entièrement à l'étude de la nature et essayer de créer des tableaux, quelles seront les indications. Parler d'art est presque inutile. Travailler, qui vous permet de progresser dans votre propre métier, récompense suffisante pour cela, qu'on n'est pas compris des imbéciles.

L'écrivain s'exprime à l'aide de l'abstraction, tandis que le peintre concrétise ses sensations et ses perceptions à l'aide du dessin et de la couleur. Tu ne peux pas être trop scrupuleux ou trop honnête, ni trop docile à la nature. Mais tu es plus ou moins maître de ton modèle, et surtout leurs moyens d'expression. Il faudrait l'étudier, ce qui est devant vous et s'efforcer obstinément de s'exprimer le plus logiquement possible.

Veuillez accepter mes salutations à Mme Bernard et mes salutations aux enfants; la poignée de main cordiale de la main du Seigneur

Peintre P. Cézanne

 

Aix, 25 Juillet 1904 r.

Cher Bernard,

J'ai reçu la 'Revue Occidentale”. Il ne me reste plus qu'à vous remercier, qu'as-tu écrit sur moi.

je regrette, que nous ne pouvons pas être proches les uns des autres, parce que je ne veux pas avoir raison en théorie, mais contre nature. Ingres, malgré son style et ses admirateurs, c'est un tout petit peintre. Tu connais les plus grands mieux que moi: ce sont des Vénitiens et des Espagnols.

Ce n'est qu'au contact de la nature que progresse et que l'œil se développe. Il se concentre pendant que vous regardez et travaillez. je veux dire, que pour les oranges, Pomme, il y a un point culminant dans la balle ou la tête, et il est toujours là - malgré les effets très forts de la lumière et de l'ombre, sensations de couleur - le point de l'objet le plus proche de notre œil.

Les bords des objets courent vers le centre se trouvant sur la ligne de notre horizon.

Avec un peu de tempérament, on peut être un bon peintre. Tu peux faire de bonnes choses, sans être trop expert en harmonie, ni un coloriste. Il suffit d'avoir le sens de l'art, et ce sens est sans doute la peur de la bourgeoisie.

Ainsi, les instituts, les salaires, les honneurs ne sont faits qu'aux abrutis, farceurs et canailles. Ne soyez pas critique d'art; contraires. Il y a du salut là-dedans.

Poignée de main chaleureuse d'un ancien camarade

P.Cézanne

Compliments à Mme Bernard, salutations pour les enfants.