Paul Gauguin – lettre à Charles Moricea
Charles Morice (1861-1919), critique et écrivain du cercle des symbolistes, ami de Gauguin. Noa-Noa, publié pour la première fois dans La Revue Blanche” en octobre 1897 r., avait deux auteurs: au texte de Gauguin, constituant une sorte de journal du premier séjour à Tahiti, Morice a écrit deux chapitres et inclus quelques poèmes.
LISTE DO CHARLES MORICEA
[Tahiti, Juillet 1901]
Cher Morice,
après une longue période de silence, un mot de toi. J'avoue, cette publication totalement inappropriée Noa Noa ça ne me sert à rien aujourd'hui. Pourquoi m'envoyez-vous une centaine d'exemplaires: ici ça devient un papier d'allumage; je t'ai écrit une fois, ce fils de Delagrave (éditeur) essayé de le dépenser plus favorablement. Une autre chose très importante - acheter une grande image; est-ce une de vos rafales habituelles ?, qui finissent en déception; il est si difficile de trouver un mécène aujourd'hui.
Réellement, toute la jeunesse d'aujourd'hui, dans une position favorable, il me le doit; et qu'il le doit - il ne l'admettra pas.
Ils ont beaucoup de talent, bien plus que moi, mais je n'avais pas toutes les facilités dans mes études et mon travail, tout comme eux. Mais qui sait, existeraient-ils sans moi, le monde les accepterait-il sans moi?
Testé aujourd'hui à terre, vaincu par la misère, surtout la maladie, vieilli prématurément. Aurai-je un peu de répit pour terminer mon travail - je n'ose pas y croire; au moins je fais mon dernier effort et je vais vivre à Fatu-Iva le mois prochain; c'est une des îles Marquises, presque encore à l'époque du cannibalisme. je pense, qu'il y a ce facteur de désert absolu, cette solitude totale me donnera la dernière flamme d'enthousiasme avant de mourir, rajeunir mon imagination et réaliser mon talent.
C'est une super toile, lorsqu'il s'agit d'exécution, c'est très imparfait. Cela s'est fait en un mois sans aucune préparation ni étude préalable; je voulais mourir; dans cet état désespéré, je les ai peints d'un seul rouleau. Je les ai signés à la va-vite et j'ai pris une dose incroyable d'arsenic. C'était probablement trop; souffrance atroce, cependant, la mort n'est pas venue, et depuis lors tous mes échafaudages ont ébranlé, qui a résisté à l'impact, ça me fait mal.
Le déséquilibre de cette toile est compensé par quelque chose, peut-être, qui ne s'explique pas, qui n'a pas souffert à l'extrême et ne connaît pas l'état d'esprit de l'auteur.
Fontaines, qui, après tout, m'a toujours bien traité, m'a accusé, que je ne pouvais pas faire le mien) idée compréhensible, parce que le titre abstrait ne se manifeste pas sous des formes spécifiques sur la toile, etc.; il a cité Puvis de Chavannes, toujours compréhensible, qui peut expliquer son idée.
Oui - Puvis explique son idée - mais il ne la peint pas. il est grec, alors que je suis un sauvage, loup dans la forêt sans collier. Puvis intitulera l’image Pureté et l’expliquera, peindra une jeune vierge avec un lys à la main - un symbole bien connu; c’est donc compréhensible. Gauguin, intitulé Pureté, peindra un paysage avec de l’eau transparente; aucune trace de civilisation, probablement un certain caractère.
Sans entrer dans les détails, il y a tout un monde entre Puvis et moi. Puvis en tant que peintre est un scribe, mais il n’est pas écrivain, alors que je ne suis pas un scribe, mais peut-être que je suis un écrivain.
Pourquoi, face à une œuvre, le critique cherche des points de référence pour de vieux adhésifs et d’autres auteurs? Ne pas le trouver, ce qu’il pense qu’il faut trouver, ne comprend pas et n’éprouve pas d’émotion. L’émotion d’abord! Puis comprendre.
Dans cette superbe image:
Où allons-nous ??
À côté d’une vieille femme morte
déclare un étrange oiseau stupide.
Ce que nous sommes?
Existence quotidienne.
L’homme d’instinct se demande, ce que tout cela est censé signifier.
D’où venons-nous ??
Source.
Enfant.
Quotidien.
L'oiseau termine le poème en comparant la création inférieure avec la créature pensante dans ce grand tout, quel est le problème annoncé par le titre.
Derrière l'arbre, deux silhouettes sombres vêtues de couleurs tristes; à l'arbre de la conscience ils font un inventaire de la souffrance, causé par la conscience, par comparaison avec de simples créatures vivant parmi la nature vierge, qui pourrait être un refuge pour la pensée humaine, une pensée qui n'est pas contre une vie heureuse.
Des attributs explicatifs - symboles connus - placeraient la toile dans une triste réalité et le problème annoncé ne serait plus un poème.
Je vous explique la photo en quelques mots. Vous n'avez pas besoin de beaucoup d'entre eux, pour que tu comprennes. Mais pourquoi le public exige, faire mon pinceau, libre de toute contrainte, avait l'obligation de garder les yeux de tout le monde ouverts?
Quant aux autres, on les appellera des paraboles pour cela, qu'avoir des yeux non…
Les formulaires sont stricts? Vous devez.
La fabrication est trop facile? Vous devez.
Beaucoup de gens disent, que je ne peux pas dessiner, parce que je crée des formulaires spéciaux. Quand comprendront-ils enfin, cette exécution, dessin et couleur (style) doit se conformer au poème? Mes personnages nus sont innocents sans vêtements. À quoi l’attribuer, si ce n’est pas certaines formes et couleurs, qui s’éloignent de la réalité. […]